Paris Web 2024 : Les temps forts

Pour sa 19ème édition, toutes les conférences de Paris Web 2024 ont abordé un aspect caché, invisible ou invisibilisé du web. Tanaguru vous raconte ses temps forts, les conférences qui nous ont marquées et fait réfléchir.

Par Équipe Tanaguru, 7 octobre 2024

Temps de lecture : 7 minutes

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Pour sa 19ème édition, toutes les conférences de Paris Web 2024 ont abordé un aspect caché, invisible ou invisibilisé du web. Un moment idéal pour les prises de consciences et les réflexions autour de l’accessibilité, de l’inclusivité et de l’écologie dans le numérique. Tanaguru vous raconte ses temps forts, les conférences qui nous ont marquées et fait réfléchir.

Penser l’accessibilité (un peu) autrement

Paris Web 2024, c’est l’occasion de découvrir encore de nouvelles choses sur l’accessibilité. Parce que même après 20 ans de métier, on continue d’apprendre.

On a particulièrement aimé le processus d’industrialisation de Nora Goerne et Tamara Sredojevic pour plus d’accessibilité dans les process, la démonstration très efficace d’Emmanuel Pelletier de l’importance des tests d’utilisation avec des lecteurs d’écran. Le tour d’horizon sur les handicaps cognitifs par Lison Fanuel nous a évidemment captivés, mais comme elle travaille chez Tanaguru on manque d’objectivité.

Défendre et industrialiser l’accessibilité en tant qu’UX designer par Nora Goerne et Tamara Sredojevic

Nora Goerne et Tamara Sredojevic nous ont fait réfléchir à la façon d’utiliser la créativité et l’empathie inhérentes au métier d’UX design pour promouvoir l’accessibilité de manière proactive. Pour elles, intégrer l’accessibilité est un travail de fond, qui pose certains défis :

  • une certaine résistance au changement,
  • des responsabilités floues, mal définies,
  • une difficulté à intégrer l’accessibilité dans le flux de travail.

Leurs solutions ? Au-delà de solutions techniques comme l’utilisation de plugins sur Figma et des cas d’usages inclusifs, Nora et Tamara proposent de construire une base de travail complète reposant sur de la documentation et des systèmes de design solides.

Et une bonne dose d’empathie pour convaincre les parties prenantes de l’importance de l’accessibilité.

Ce qu’on a aimé ? La mise en avant les difficultés réelles de prise en compte de l’accessibilité dans les process et les pistes concrètes pour y répondre (et les photos de huskies).

Vous voulez voir ou revoir la conférence ? Défendre et industrialiser l’accessibilité en tant qu’UX designer

Au-delà du RGAA : penser réellement aux usagers de lecteurs d’écran par Emmanuel Pelletier

Comment s’assurer réellement de l’accessibilité d’un contenu ? Le mieux, c’est de tester. Lors de la conception, il est courant de s’arrêter à suivre les règles du RGAA (Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité), parce que l’on pense que c’est suffisant pour l’accessibilité ou que l’on a du mal à utiliser un lecteur d’écran.

À l’aide de plusieurs cas pratiques, Emmanuel Pelletier nous a montré que suivre les règles est parfois insuffisant pour une restitution accessible par les lecteurs d’écran. Pour lui, rien de mieux que de tester les interfaces sur des parcours réels, écran éteint, pour se rendre compte des problèmes de vocalisation.

Ce qu’on a aimé ? Les cas très concrets pour illustrer ce qui pose problème, idéal pour convaincre !

Notre exemple préféré : Les codes de connexion contenant des lettres en majuscules et minuscules alors que les synthèses ne vocalisent pas la casse par défaut.

Vous voulez voir ou revoir la conférence ? Au-delà du RGAA : penser réellement aux usagers de lecteurs d’écran

Penser l’accessibilité pour les handicaps cognitifs par Lison Fanuel

“L’accessibilité numérique, c’est pour les aveugles” : un cliché qui a la vie dure. Lison Fanuel, docteure en psychologie cognitive, nous a parlé d’une catégorie de handicap souvent méconnue et oubliée : les handicaps cognitifs.

Elle a présenté les grandes fonctions cognitives impliquées dans le parcours d’un support numérique et des exemples de troubles qui pouvaient les affecter :

  • l’attention,
  • la mémoire,
  • le langage,
  • la perception et la reconnaissance,
  • et les praxies.

Elle a proposé des recommandations concrètes pour concevoir des interfaces accessibles aux personnes handicapées cognitives, en s’appuyant sur les référentiels de conformité et, au-delà, en s’assurant que les interfaces puissent être personnalisées, pour s’adapter aux besoins de chacune et chacun.

Ce qu’on a aimé ? Tout ! Mais on n’est pas objectifs, Lison est consultante en accessibilité numérique chez Tanaguru.

Vous voulez voir ou revoir la conférence ? Penser l’accessibilité numérique avec les handicaps cognitifs

Au-delà de l’accessibilité : aller vers plus d’inclusion

Chez Tanaguru, l’accessibilité numérique est indissociable de la notion d’inclusivité. À Paris Web, l’inclusion est un véritable sujet de fond, avec plusieurs conférences qui montrent comment adopter des pratiques plus inclusives et respectueuses des autres.

Inclure au sens large

Au-delà de l’accessibilité, l’inclusion au sens large est une valeur essentielle que nous défendons. Dans leurs conférences à Paris Web 2024, Magali Milbergue et Olivier Guillard nous ont proposé une façon plus inclusive de penser le monde.

Mots à maux – comment le langage reflète et entretient les parties les plus toxiques de notre industrie par Magali Milbergue

Le langage reflète et entretient les parties les plus toxiques de notre industrie et peut être utilisée de manière oppressive. Par exemple, certains termes comme « grosse » sont évités ou utilisés de manière discriminante. Ces pratiques excluent ou invisibilisent une partie de la population.

Pour Magali Milbergue, un langage plus inclusif et éthique est essentiel, en particulier dans le domaine de la technologie, où le sexisme reste un problème majeur. Bien au-delà de l’écriture inclusive et du fameux point médian, le langage inclusif façonne notre façon de voir le monde et peut être un outil pour accompagner les changements sociétaux.

Ce qu’on a aimé ? Un plaidoyer fort pour un environnement social inclusif qui passe aussi par le langage.

Vous voulez voir ou revoir la conférence ? Mots à maux – comment le langage reflète et entretient les parties les plus toxiques de notre industrie

Design pour l’offline : stratégies pour des expériences utilisateur ininterrompues par Olivier Guillard

Internet a une place essentielle dans nos vies. Pourtant, une large partie de la population en est exclue parce qu’elle n’y a pas ou peu accès. Olivier Guillard propose des stratégies pour concevoir des interfaces résilientes, notamment pour les zones blanches où la couverture internet est limitée.

Il propose des méthodes pour garantir une expérience utilisateur fluide même en l’absence de connexion. Ses solutions s’intègrent à chaque étape de la conception d’un service numérique : du choix stratégique de la solution technologique aux méthodes de développement en passant pas le design.

Ce qu’on a aimé ? Une approche à la fois inclusive et écologiste, centrée sur des personnes souvent laissées pour compte tout en réduisant le coût écologique de nos conceptions numériques.

Vous voulez voir ou revoir la conférence ? Design pour l’offline : stratégies pour des expériences utilisateur ininterrompues

Respecter les utilisateurs et utilisatrices

Le respect des utilisateurs et utilisatrices n’est pas toujours un acquis, qu’il s’agisse de la protection de leurs données ou de leur temps. Dans leurs conférences à Paris Web 2024, Simon Bonaventure, Flora Brochier et Esther Jacquet nous ont présenté des pistes concrètes pour des pratiques numériques plus respectueuses.

Orejime : Un Projet Open-Source et Accessible par Simon Bonaventure

Les bandeaux de cookies sont le premier élément rencontré quand on arrive sur un site web. S’ils ne sont pas accessibles, les utilisateurs et utilisatrices peuvent être bloquées dès l’entrée ou être empêchées de choisir comment seront utiliser leurs données.

Simon Bonaventure nous a raconté l’histoire du projet Orejime, un gestionnaire de cookies open-source, accessible et conforme au RGAA. Il répond à trois problématiques :

  • être conforme aux exigences réglementaires,
  • respecter les valeurs d’accessibilité,
  • créer un outil léger.

Le projet, traité comme un projet client, a permis de développer l’outil et de continuer à le maintenir.

Ce qu’on a aimé ? L’accessibilité de l’outil et le récit de la démarche open-source.

Vous voulez voir ou revoir la conférence ? Orejime, un projet open-source et accessible : compte de fée ou drama project ?!

Du calendrier lunaire aux notifications du smartphone par Flora Brochier et Esther Jacquet

Le numérique est une révolution dans notre perception du temps. Le rythme s’accélère et tout devient instantané. Certains usages comme le scroll infini et les notifications impactent notre façon de percevoir le temps. C’est ce qui nous pousse à passer toujours plus de temps connectés, avec un impact encore plus fort chez les publics sensibles.

Le projet Notifications, présenté par Flora Brochier et Esther Jacquet et porté par les Designers éthiques, cherche à comprendre nos usages des technologies.

Leur objectif ? Proposer des solutions pour concevoir des interfaces qui respectent le temps des utilisateurs et utilisatrices, comme l’utilisation de notifications moins intrusives et la mise en place de paramètres de personnalisation plus accessibles.

Ce qu’on a aimé ? La dimension scientifique du projet de recherche, et l’éloge de la lenteur pour ramener de la temporalité dans nos interactions.

Vous voulez voir ou revoir la conférence ? Du calendrier lunaire aux notifications du smartphone : la notion du temps

La dimension écologique pour un numérique responsable

L’accessibilité numérique, et plus globalement l’inclusion, sont un seul des cinq pilier du numérique responsable. Pour ancrer sa démarche vers un numérique pour le bien commun, il est urgent d’agir aussi pour un numérique écologiquement moins impactant. Dans leurs conférences à Paris Web 2024, Thomas Parisot et Thomas Thibault ont montré l’impact environnemental du numérique et des solutions pour une conception moins impactante.

Appuyez sur Entrée pour envoyer ce message par Thomas Parisot

Contrairement à ce que l’on croit, envoyer un email n’est pas anodin. Thomas Parisot nous a montré comment communiquaient les machines pour se transmettre ce signal composé de texte, du décodage de l’adresse, à la logistique d’acheminement qui permet de parcourir 8000 kms presque instantanément.

Tandis que les systèmes d’encodage sont standardisé et open-source, c’est loin d’être le cas des réseaux de transport. Ces infrastructures de stockage et de connexion, qui recouvrent notre planète posent de véritables problèmes écologiques, mais aussi géopolitique.

Ce qu’on a aimé ? La démonstration de tous les enjeux liés à une simple action, banale et anodine.

Vous voulez voir ou revoir la conférence ? Appuyez sur Entrée pour envoyer ce message

Pistes et inspirations pour un alter design écologique par Thomas Thibault

L’empreinte carbone significative du numérique, ce n’est plus à démontrer. Alors, Thomas Thibault s’est plutôt attelé à présenter les leviers possibles pour penser un numérique écologiquement contraint. Les enquêtes menées dans le cadre du projet de recherche “Limites numériques” ont permis d’identifier quatre axes principaux :

  • Concevoir des interfaces sensibles qui rendent visible l’impact écologique du numérique,
  • Montrer que le numérique n’a pas le même impact selon le moment où on le consomme,
  • Réduire le flux, le poids et le besoin de puissance, en poussant à faire des choix créatifs découlant de contraintes techniques,
  • Donner le contrôle aux utilisateurs et utilisatrices pour moduler leurs usages numériques, en rendant les paramètres de réduction d’empreinte plus accessibles et en proposant des choix par défaut plus sobres.

Ce qu’on a aimé ? Les solution concrètes et créatives, pour rendre visible l’impact environnemental du numérique.

Vous voulez voir ou revoir la conférence ? Quel design pour un numérique écologiquement contraint ?

Conclusion : rendre visible l’invisible

Bravo et merci aux équipes de bénévoles de Paris Web 2024 pour avoir permis de sensibiliser à des enjeux parfois (souvent) cachés, invisibles du numérique. On repart avec la tête pleine d’idées pour continuer à travailler pour un numérique plus accessible, inclusif et écologiquement responsable.

Contrat rempli pour cette 19ème édition de Paris Web sur la thématique du web invisible !

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